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l’homme à l’hispano

— Allez… Je vais arriver à quatre pattes dans leur poker… et hop… on va danser. Reviens vite…

— Oui, dit-il.

Elle sortit.


Il ne fit pas un mouvement vers elle, rien. Il sentait la chaleur de son sang. Mais il sentait aussi l’épuisement affreux de ses nerfs. Les bougies, maintenant descendues et proches de leur fin, créaient un tremblement de lumière déjà obscure autour de lui. Il ferma la porte du couloir. Alors il remarqua qu’elle était recouverte d’une glace. Elle le refléta tout entier. Il prit un candélabre, celui auquel tout à l’heure il avait brûlé le chèque, et il le haussa pour mieux s’examiner. Il était d’une pâleur nue d’acteur dégrimé. Il hocha la tête. Son double ayant le même geste, ils eurent l’air de deux rivaux qui se saluent avant le combat. Il reposa le candélabre. À travers les murailles épaisses de la vieille maison on entendait à peine la musique que Stéphane offrait à ses amis. Il avait mis le cigare à ses lèvres. Il en goûtait peut-être l’arome. Il ouvrit une porte-fenêtre qui donnait sur le parc silencieux et il regarda d’un cœur épuisé le dernier paysage de sa vie……