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l’homme à l’hispano

Elle fouillait dans la boîte plate de bois brun, que Nicolaï avait rapportée de Pau quelques jours auparavant ; elle ne se décidait pas et, de ses belles mains, faisait craquer les petits rouleaux de feuilles pour en trouver un sans défaut. Enfin, elle arrêta son choix, mit à sa bouche le havane et l’alluma. Georges la regardait gravement et la fumée sortit gauchement des lèvres, tandis qu’elle riait :

— Hou ! Ça sent bon.. ; mais bon…

En lui offrant le cigare avec tendresse, elle mit sur son épaule ses bras qu’il avait tant aimés.

— Toujours cette migraine ? interrogea-t-elle… Tu souffres ?

Il dit :

— Dans cinq minutes, ce sera passé.

Et pour dissiper son inquiétude, il eut un grand sourire, un sourire sain et net, un sourire de héros. Elle en fut joyeuse. Elle frissonnait du regard amoureux qu’il posait sur elle et elle n’aurait pu dire combien elle en était éprise. Elle pensait que jamais elle n’avait reçu de lui la moindre peine. Il l’avait saisie. Maintenant, tout le long de son corps, elle sentait le sien et elle lui rendait un baiser. Elle mordit ses lèvres et elle étouffa presque dans l’étreinte qu’il prolongeait. Elle se dégagea :

— Grand fou, murmura-t-elle.

Elle lui fit un beau geste heureux de la main. Elle cria :