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L’HOMME À L’HISPANO

quant sa vie — après forêts canadiennes, solitudes du pôle, gigantesques humidités tropicales, déserts d’Afrique — avaient lutté pour conquérir les dépouilles sur lesquelles Oswill frottait avec allégresse ses pyjamas extravagants. Le linge était usé comme il sied. Sans trop de peine, on aurait fait passer les draps dans un bracelet fermé, par exemple dans l’une de ces grosses chaînes que le dormeur portait au bras gauche. C’étaient deux chaînes scellées au poignet, de platine et d’or, aux maillons pareils à ceux des gourmettes des chevaux de selle. Les oreillers, comme ceux des femmes, étaient encadrés de dentelle. Dans les nuits chaudes, William Meredith, les membres étendus, pesait lourdement sur ces trophées de chasse et ces toiles exquises. Alors apparaissaient sur son corps robuste, dégraissé par la pratique constante du sport, les arabesques bleues d’un tatouage. Oswill était tatoué du col aux genoux. C’était, sur lui, comme une tunique à manches courtes ; les dessins s’arrêtaient à chaque bras au-dessus du coude. Une récente Majesté, l’un des plus grands monarques du monde, avait eu la fantaisie de s’orner le torse d’une chasse au renard. L’animal entrait au terrier. Sur le dos et au tournant des hanches galopaient de rudes chevaux. Oswill, lui, était agrémenté d’oiseaux et de papillons. Quelques-uns s’épousaient. Le tatouage indestructible, d’un bleu sombre sur la