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l’homme à l’hispano

français rappelaient qu’un Coulevaï, plus récent, avait couru l’Europe en uniforme de la garde. Aux songes des chefs-d’œuvre anciens, elles mêlaient les images de l’action. Partout la main rencontrait une matière précieuse à caresser.

Antoinette errait parmi tant de merveilles sans les discerner. Tous ses soins allaient à la table dressée, ruisselante de cristaux de Bohême et couverte de fleurs coupées. Elle s’assurait que le luxe, toujours de rigueur dans la maison, ne laissait rien à critiquer. Satisfaite de son inspection, elle tournait dans la pièce comme une vieille chatte.

Ce qui lui plaisait, c’était la grande porte double, haute de quatre mètres, précédée de marches qui donnaient accès sur un corridor intérieur. Et, sur le mur de ce corridor, elle aimait voir pendue la gigantesque peau d’auroch qui lui semblait le vrai trésor du château. Elle aimait aussi, par la large fenêtre, apercevoir le parc et l’étang.

Ce soir surtout, sous la neige et la lune, il lui semblait que rien n’était plus admirable que ce tableau de son pays. Toute chaude de sa vigueur d’aïeule paysanne et réchauffée encore par la forêt coupée qui flambait dans la vaste cheminée, elle regardait, bien à l’aise, l’aspect sinistre de décembre. Tout à coup, elle recula. Elle venait sans doute d’apercevoir une chose extraordinaire. Elle s’avança de nouveau, se faisant violence,