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l’homme à l’hispano

Ils agençaient une magie et quelques bois étincelaient comme des bouquets de fleurs dorées. Sur les murs, des personnages nombreux étaient représentés ; également dorés et maintenant plus exquis d’être un peu effacés, ils couraient sur des peintures émeraudes, ayant un aspect de laques, et des tables étaient d’autres laques rouges. Des sièges indiens, sculptés par des générations d’artisans, montraient leurs splendeurs éclatantes. Des tapis amoncelés venaient des ateliers de Perse et ceux de Mossoul étaient beaux comme des ailes d’oiseaux. Des magots bleus semblaient descendre d’un ciel étonnant et des poteries exhalaient encore, quand on se penchait sur elles, l’odeur laiteuse des chèvres du Thibet.

Dans un angle, une extraordinaire statue, d’une taille deux fois humaine, une statue de pierre, contemporaine asiatique d’Alexandre le Grec, avait de longues mains plates, posées sur les cuisses de ses jambes difformes. Mais un sourire divin enflait ses lèvres ourlées et, derrière ses paupières closes, elle semblait connaître tout ce que les yeux ne voient pas. Après des siècles et des siècles d’immobilité dans un temple, au fond des humides forêts de Mathura, elle avait traversé les mers, volée par un Coulevaï et, dans le pays béarnais, elle continuait à proclamer la gloire inconnue du génie qui l’avait sculptée. En face d’elle riait un buste de Houdon. Quelques petites toiles militaires du temps de l’Empire