Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
L’HOMME À L’HISPANO

Certaine fois, à l’auberge de ce nom, devant Cabourg, il n’avait point manqué de le rappeler rudement au maître d’hôtel qui lui servait du gin d’une assez piètre qualité :

— Ça, du gin ?… avait-il crié. Du pipi de vache !

Et, comme le serviteur protestait, il l’avait interrompu sans lui permettre trois syllabes :

— Pipi de vache ! Je dis pipi de vache… de ces vaches dont l’un de mes grands-pères, et non le meilleur, page du roi Guillaume en 1065, coupait la tête gélatineuse, dans la prairie, pour faire rigoler son maître avant de f… le camp en Angleterre !

Tandis que le maître d’hôtel, ahuri, gagnait du large, Oswill gravement avait continué son discours, expliquant aux inconnus voisins que le grand-père en question, coupeur de têtes de vaches, n’avait plus jamais quitté l’Angleterre à cause du mal de mer.

Ayant dit et puis ayant bu la moitié de la bouteille de gin, Oswill s’en était allé tranquillement perdre ou gagner quelques milliers de louis au casino, sans même se douter qu’une fois de plus il n’était point passé inaperçu.

À Biarritz, quand il s’approchait, Cinégiak, toujours perché sur un tabouret de bar, ne manquait point, pour résumer ses impressions, de murmurer à Laberose :

— Tu parles d’un zèbre !