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l’homme à l’hispano

— C’est là le scabreux, risqua l’un des convives.

— Lady Oswill a beaucoup d’excuses, lui rétorqua Mme de Jouvre.

— Elle les a toutes, affirma quelqu’un péremptoirement. Ne la jugeons pas. Elle était, jusqu’à ces dernières semaines, la plus irréprochable femme dans le monde et elle a le droit au bonheur.

Cet avis rallia les suffrages. On conclut que Stéphane avait mille raisons, Georges Dewalter mille mérites. N’ayant jamais parlé à personne de leur amour, il serait de mauvais ton de le connaître. Si lady Oswill téléphonait ou faisait savoir directement sa présence à Oloron, on ne pourrait se dispenser de l’aller voir. On feindrait de rencontrer M. Dewalter chez elle, par hasard, au même titre que ses autres amis. Quant à Oswill, on continuerait à l’inviter partout, par devoir, parce qu’il était un homme important.

— D’ailleurs on le peut sans risques, termina le colonel en dévorant un cure-dents. Oswill s’excuse régulièrement. Il est toujours ivre.

— Et quand il ne l’est pas, il fait semblant de l’être pour qu’on le laisse tranquille, dit Cinégiak du bout de la table. Au fond, je le soupçonne d’être enchanté de son divorce. Imaginez-vous que je suis allé le trouver, il n’y a pas trois jours, de la part de mon oncle Latuillière, son agent de change. On m’a d’abord répondu qu’il n’était pas là, mais j’avais peine à le croire, car j’entendis chez lui un tumulte de dancing. J’en conclus qu’il