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l’homme à l’hispano

la procédure en divorce, il souffrait. Et il souffrait de souffrir. Il professait que la souffrance est un bagage et qu’on ne porte pas les bagages. On les fait porter.

Maintenant, il craignait Dewalter. Il se le représentait comme un fourbe de première force, un chasseur de fortune ; il se dit qu’il était capable de sortir subtilement et victorieusement de l’aventure. Sans doute, il devrait avouer, mais comment ? Avec quelles inventions de catastrophe financière, de richesse soudain disparue, engloutie dans une spéculation ? Les femmes sont crédules. Oswill télégraphe à Paris.

Le lendemain, il reçut un inconnu qui venait exprès de la rue Montmartre,

Personne n’était moins remarquable que cet inconnu. Il n’était ni laid ni beau, ni grand ni petit, ni commun ni distingué. Ses yeux étaient sous des lorgnons, sa bouche était sous une moustache, ses mains étaient sous des gants de fil. Il portait des bottines à boutons, une jaquette luisante, une cravate toute faite, une décoration multicolore, un peu rouge, un peu jaune, un peu verte, déteinte. C’était une mouche apprivoisée.

Oswill, couché sur son lit de fourrures, lui donna ses ordres. Il affectait un accent exagéré :

— Je connais votre maison, dit-il, je m’en suis déjà servi quelques fois. C’est une officine tout à fait dégoûtante, qui renseigne bien. J’espère que