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l’homme à l’hispano

pour nous recevoir. Que n’y avons-nous pensé plus tôt ? Nous aurions pu aussi bien aller chez toi, en Sologne… Mais, à Oloron, nous serons heureux. Nous donnerons une fête. Le divorce commencé, nous ne pourrions encore être reçus de compagnie, mais, chez moi, mes amis viendront, car ils m’aiment et ils me respectent.

Il la saisit dans ses bras, rempli d’une tendresse triste et infinie. Il ne pensait plus qu’à assouplir le coup qu’il allait bientôt lui porter. Il ignorait toujours comment il partirait, mais il avait gagné un point : quand il disparaîtrait, elle serait chez elle, appuyée sur l’orgueil de sa maison héréditaire. Elle aurait ce soutien dans son brusque isolement. Il respira.

Avant de s’éloigner de la région, l’hôtelier, désolé de les perdre, leur conseilla de parcourir au moins les premières marches de cette solitude résineuse qui s’étend, le long de la mer, des dunes majestueuses du Pyla aux rives romanesques de l’Adour. Elle est faite de sables et de pins, monotone, religieuse, ornée de vastes étangs. Quand on s’enfonce dans la forêt, à travers les arbres espacés, tous blessés par l’homme et portant le vase précieux où s’accumule leur essence, en s’étonne de son silence. Il semble qu’une incessante musique devrait émaner de ces frises naturelles et qua toutes ces colonnes végétales soient agencées pour des concerts mystérieux. Mais, dans l’immobilité des choses, on