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l’homme à l’hispano

son métier était de recevoir de temps en temps des passagers de qualité, Il s’enorgueillissait d’une collection d’autographes. Il dit que des écrivains, qu’il nommait, venaient travailler dans son hôtel et que des amants illustres, qu’il ne nommait pas, s’y étaient cachés. Il pressentait une histoire de ses hôtes, une fugue romanesque, un couple d’exception, et il s’ingéniait à leur montrer qu’il les devinait, Lady Oswill, libre, et radieuse de sa liberté, l’écoutait avec complaisance. Dewalter ne l’entendait pas. Il songeait qu’en dépit des bonnes intentions de l’hôtelier, la maison n’était point de ces Ruhl ou de ces Carlton auxquels sa maîtresse était habituée, et qu’avant peu de jours, il n’aurait aucune peine à lui suggérer de partir. Toujours il voyait son but…

Mais, pendant quarante-huit heures, elle parut enchantée du séjour.

Ils passaient leurs après-midi en barque sur ce bassin qui n’a pas de rival en Europe. Une tristesse charmante, un apaisement sans grandeur, mais doux comme le renoncement, s’y mêlent aux lignes simples de la nature. Quand la lumière subtile de l’Atlantique, cette lumière verte, nerveuse, nostalgique, vivante, qu’on trouve partout de Brest à Hendaye, n’est point dramatisée par les orages, il n’est pas en France de paysage d’un aspect plus nuancé. Vers les bords opposés à la ville qui lui donne son nom, il évoque on ne sait