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l’homme à l’hispano

Ne pouvait-elle lui crier : « Qu’importe ? » Et lui murmurer : « Je t’aime quand même ?… » Oh ! oh !… Savoir ? Quand on est cinquante fois millionnaire, comme Stéphane Coulevaï, apprendre qu’un homme se déguise en riche pour s’approcher, se faire aimer, vous conduire au scandale, et vous dire à la fin : « À propos, chère amie, je n’ai pas un sou, mais pas un… J’ai oublié de vous en parler par délicatesse… » c’est tout de même sujet à méditation ! On a beau avoir l’esprit large, « on ne peut pas s’empêcher de penser… », comme dit le peuple… Et puis, il y a demain ? Et demain, en amour, c’est l’important…

Oswill jubilait de plus en plus : il avait bien joué ! Il entra chez Maxim. Cet endroit épileptique semblait, ce soir-là, fait pour lui. Il aperçut Deléone et Florinette Soinsoin. Elle avait l’air d’une poupée mécanique et son visage agréable disparaissait sous des fards, Elle était à la mode. On la regardait et Deléone était ravi. Oswill alla s’asseoir auprès d’eux.

— Je divorce, dit-il. Ma femme épouse votre ami, Nous sommes tous les trois enchantés.

Il but. Deléone ne savait que répondre, mais la nouvelle le réjouissait. Il en conclut qu’il avait bien jugé son camarade de guerre. Il brûlait d’interroger Oswill, mais il n’osait plus, car Oswill, l’œil fixe et la figure soudain bizarre, s’était mis à siffler comme un cowboy. Il semblait farouche et