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l’homme à l’hispano

Comment Dewalter pouvait-il s’évader proprement ? D’aucune façon. Cette fois, le terrible excentrique en était sûr. Il était onze heures du soir, Le lendemain, avant midi, il irait chez l’avocat. Il donnerait ses ordres. La requête en divorce serait envoyée sur l’heure. Trop heureuse de sa délivrance, Stéphane aurait l’orgueil de ne pas discuter. Déjà, elle ne pensait plus qu’au mari nouveau… Le mari nouveau ? C’est là qu’Oswill étouffait de joie.

Avec précision, il se représentait le déclenchement des aveux. « La vérité en marche », ricanait-il…

Il lui semblait déjà écouter Dewalter :

— « Le loyer ? — Je n’ai pas d’argent. — Le voyage ? — Prenez les billets. — Le ménage ? — Un chèque, s’il vous plaît, pour la cuisine. El si vous me souhaitez du linge propre, des cigarettes, n’oubliez pas de glisser quelques billets dans mon veston. — »

Oswill voyait tout cela, l’entendait. Au coin de la rue Boissy-d’Anglas, devant le vieil Épatant, il en esquissa un pas de gigue, sur le trottoir…

Il restait à l’homme la fuite possible, meilleure que l’affront. Eh bien, non : on ne s’en va pas, sans être un drôle, quand la femme compromise divorce. On le peut, mais quel mépris en elle, quels ressentiments, et quelle stupeur ! Oswill était tranquille : Dewalter était pris. Il parlerait.

Et puis ?