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l’homme à l’hispano

Mais Dewalter, hors de lui, prit le dessus. Il commanda :

— Non, Assez ! Ne dites plus rien. Assez !… C’est à moi, maintenant, à moi de parler…

Il se rassembla :

— Votre femme, pensez-vous, votre femme va découvrir le piège ? Que vous avez raison ? Que l’amour et l’escroquerie ne font qu’un ? Je vais rester et spéculer sur sa tendresse, sur sa pitié ? Vous triomphez ?

— Oui, répondit Oswill violemment.

Georges se redressa et, presque, il rit :

— Gâteux !

Il se rapprocha encore. Maintenant il était prêt à faire, à son tour, des plaies. Il devinait où frapper. Il avait compris pourquoi cet homme le haïssait, et sa soif obscure de lui ressembler.

— Vous avez tout prévu, dit-il avec un accent où passait une sorte de triomphe… tout prévu, sauf les choses belles ! Je n’ai plus le sou, vous entendez… plus le sou… Souffrez donc un peu… souffrez… car, sans amour, vous crevez de haine et d’envie… Souffrez ; je l’aime ! je peux aimer, moi ! Je l’aime ! Je me suis ruiné pour elle…

Il sentit le tressaillement de l’adversaire…

— Oui, ruiné… Je l’aime !… Allons, souffrez un peu : je l’aime ! Et je pars. Proprement. Sans rien. Je pars.

— Non, cria Oswill.

Il avait un air de victoire.