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l’homme à l’hispano

— Vous pourriez le voir. Est-ce qu’au Maroc vous avez perdu la notion exacte de vos droits et de leurs limites ? Est-ce que vous croyez être un mari, par hasard ? Le fait de vous avoir appartenue n’implique pas, j’imagine, que je vous appartienne encore. Il y a longtemps que nous nous sommes expliqués. Six mois de mariage ont suffi pour que je sois, en réalité, votre veuve. Depuis trois ans vous n’êtes pour moi qu’un ami…

— Un excellent ami… murmura-t-il.

Il avait pris un air fourbe, mais elle continuait avec une netteté grandissante, toujours debout à la même place :

— Un ami ? Non. À Biarritz, quand j’ai refusé de me laisser emporter en voyage comme une valise, j’ai été fixée sur vos sentiments. Vous êtes parti le lendemain sans me revoir et sans prendre congé. C’est très bien. Vous êtes libre comme je le suis… Mais de quel droit entrez-vous dans ma chambre sans être annoncé ? Vous entrez et vous cassez une table ! Vous êtes foui Et ici ? Qu’est-ce que vous faites ici ?

— Et vous ?

Il était à deux pas d’elle. Elle le toisa, décidée à en finir :

— Je vais vous le dire si vous le souhaitez.

Il répondit :

— Je le sais.

Elle sourit avec mépris :