Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
l’homme à l’hispano

payer la consultation. Il laissa Oswill écumant.

Sa convalescence dura trois semaines, en effet. Enfermé près d’Amboise, dans une chambre Louis-Philippe, il avait la vue de la Loire. C’est une époque et un fleuve qu’il détestait. L’époque lui rappelait lord Byron dont il était jaloux, depuis l’enfance ; le fleuve, avec ses plaques de sable entourées d’eaux vives, lui semblait affligé d’une maladie de peau. Il se rappelait aussi que sa première conversation avec Dewalter, dans le train, avait justement commencé dans les environs, à peu près à la hauteur où sa voiture avait agressé le peuplier. Le soir, il entendait un gramophone. Vers l’aube, il était réveillé par des coqs. Les gens qui passaient sur la route, les paysans, parlaient un français pur : tout cela le mettait dans une fureur sacrée. L’idée de ce que sa femme faisait, à Paris, avec son ruffian, tandis qu’il mijotait sur son lit de province, lui donnait des rages bestiales. Le Vouvray aidant, il voulait se lever, mais, chaque fois, il retombait, enveloppé d’une sueur glacée. Alors, il jurait comme un cad et une haine affreuse s’amassait en lui. Enfin, il fut en état de s’en aller. Il remercia ses hôtes par une bordée d’injures et prit le train. Il descendit au palais du Quai d’Orsay le lendemain du jour où Stéphane était partie pour Biarritz. Il ne savait toujours pas ce qu’il allait décider. Il comptait sur ses doigts les quatre ou cinq hôtels dans lesquels il avait