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l’homme à l’hispano

regardant. Il semblait ahuri et ne rien comprendre. Son interlocuteur le crut gâteux.

— Je vais prévenir monsieur, dit-il.

Comme il sortait, il remarqua avec dégoût que le vieil homme le saluait.

Seul, Montnormand parcourut la pièce avec stupeur. Sur une bergère, traînait un châle de soie parfumé, le beau châle de Stéphane, celui qu’elle avait mis un jour pour aller aux courses de taureaux et que, négligente, elle avait laissé là, chez son ami. Le notaire, de ses mains fragiles, prit l’étoffe. Il l’admirait en hochant la tête. Enfin il murmura :

— Pauvre petit…

Il avait vu Dewalter au berceau ; plus tard, il avait connu le secret de son origine, quand le père véritable s’en était allé en Chine ; il avait jugé les vertus et les défauts de son éducation romanesque et, quand la mère était morte, il avait eu beaucoup de peine. Sans le lui dire, il avait aimé cette femme dont le cœur était fidèle et qui, son amant disparu, s’était usée elle-même, comme les moulins qui n’ont plus de graines à moudre, quand ils continuent à tourner. Il avait suivi la jeunesse de Georges, espéré sa réussite brillante. Plus tard, après les premiers échecs de la vie, il avait admiré sa conduite aux combats et, dernièrement, il avait approuvé le projet du départ en Afrique. Dewalter, alors, était venu le voir à Saint-Germain au sujet d’une petite mai-