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l’homme à l’hispano

Quand ils eurent repris leur empire, elle le caressait en souriant et elle lui demanda s’il comptait ainsi passer la nuit et débarquer à la Négresse, qui est la gare de Biarritz, sans un vêtement de rechange ? Mais il lui dit qu’il n’avait voulu que gagner deux heures et qu’il descendrait du train aux Aubrais. Elle regarda son bracelet et connut qu’ils avaient encore cinquante minutes avant d’arriver à cette station. Elle se sentit lasse et il lui conseilla de se coucher.

Tandis que l’homme de service préparait la cabine pour la nuit, ils restèrent debout dans le couloir, proches l’un de l’autre et maintenant silencieux. Elle était envahie d’une quiétude douce et s’appuyait contre lui. La pluie avait cessé. Une lune froide courait dans le ciel en sens Inverse du train. La campagne unie et sans beauté, coupée de routes monotones, paraissait sans fin. Parfois, aux approches d’un village endormi, la machine poussait dès appels stridents ; une plaque retentissait au passage sous le poids du train ; on traversait une gare sans nom et des poussières enflammées allaient s’éteindre sur les remblais. Une chaleur sèche et malsaine agaçait la gorge et, vers le bout de la voiture, un voyageur gigantesque fumait sa pipe devant la vitre ouverte. Une porte battait…

Stéphane rentra dans sa cabine et Georges la coucha comme une enfant. Il étendit le manteau sur les couvertures trop minces, donna de l’air,