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XV


Maintenant la ville s’environnait souvent de brumes. Les longues pluies, porteuses des suies et des poussières infectes des usines du Nord, descendaient vers l’Île-de-France. Une bise méchante sifflait à l’angle des rues et tordait l’eau en lanière de fouet avant d’en frapper les visages. Dans les autobus, dans les magasins, aux entrées du Métropolitain, dans les cinémas, une buée malsaine sortait des vêtements, aussitôt que l’atmosphère devenait plus chaude et la tristesse des grandes cités, pendant les dures saisons, tombait sur plusieurs millions d’existences.

C’est alors que chaque geste, dans Paris, devient une fatigue. La foule s’use à circuler. La fourmilière mange ses fourmis ; le travail et le plaisir ont le soir les mêmes yeux creux ; mais la vie continue dorée pour ceux qui peuvent chaque jour jeter au gouffre un millier de francs. Il ne faut pas