Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
l’homme à l’hispano

— Pourquoi vous séparerait-elle ? repartit son amie. Vous me semblez décidés, l’un et l’autre, à ne pas vous laisser désunir ?

— Certes… Tout de même, je reste mariée et, comme tu le dis, il va falloir que je m’en retourne.

Elle soupira, avec ennui :

— Pauvre Georges, comment fera-t-il quinze jours sans moi ?…

— Il t’écrira.

Elle sourit, orgueilleuse :

— Quelles belles lettres ! Je relirai tout ce qu’il me dit quand il est à mes pieds. Je passe mes doigts dans ses cheveux, je sens la chaleur de son front fiévreux…

— Il a la fièvre, interrompit Pascaline drôlement.

Stéphane sourit encore :

— Il a toujours un peu la fièvre, comme si son âme était en feu. Sa tête, son cœur travaillent sans cesse pour moi. Il me regarde avec bonté : je vois son amour dans ses yeux et, d’une voix charmante, il me dit des choses très belles.

— Tu as de la chance, répondit Mme Rareteyre, toujours gaîment. Beaucoup de chance ! Un tel amant, du premier coup ! Moi qui ai tant échantillonné.

Lady Oswill sembla ne pas avoir entendu.

Gravement, avec une solennité involontaire, comme pour remercier les dieux, elle murmura :

— Oui, j’ai de la chance ! Il arrive que ma