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L’HOMME À L’HISPANO

Pendant la traversée, Oswill ne se montra pas. Il se sentait d’humeur à proférer des choses excessives et se cachait. Chose notable : il oubliait de boire. Il lui venait une haine de lady Oswill et il pensait que, volontiers, il lui ferait du mal. Il cherchait. Il se dit soudain qu’il avait sur elle un titre de propriété, qu’il lui verserait un narcotique et qu’il userait de ses privilèges, comme un mari impitoyable. Il examina ce projet pendant que le navire roulait sur la mer nombreuse.

Il en comprit la vanité.

Alors il résolut l’impossible : il résolut d’obtenir, après trois années, le consentement d’autrefois. Soudain, il le voulut avec fermeté, Il ne voulut plus que cela. Il se revoyait aux heures du mariage, et, dans son cerveau abîmé, toujours apte à détruire, l’image de Stéphane et celle de la prostituée de Casablanca se confondaient. Il se dit qu’également elles étaient à lui, et que, de l’une ou de l’autre, il avait le droit d’exiger. Pourtant il avait l’intention de dissimuler sa frénésie et de tenter une expérience. Il se le formula ainsi :

— Sa résistance est un morceau de sucre. Dans quel mélange le ferais-je fondre ?

Il fabriqua d’avance un mélange de fourberie et de volonté, à base de flatterie, avec un soupçon de magnétisme. Il fut enchanté, ne douta pas de réussir, sauta du bateau dans sa voiture, roula sans arrêt jusqu’à Biarritz : quand il arriva chez