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L’HOMME À L’HISPANO

de courir les bars et de chercher dans les quartiers aventureux, dans les maisons des courtisanes africaines, de nouveaux objets de méditations. Il n’en fit rien. Il agissait, au contraire, à la façon d’une personne pressée et qui veut en hâte retourner chez elle. Les courtiers des terrains à vendre, il les houspilla comme des nègres. Ils galopèrent sur les pistes quand l’auto devint impossible. Il vint, il vit et il acheta. Il n’était qu’à un jour de Fez. Il négligea de visiter cette merveille où les fleurs et les fontaines se cachent derrière les murs lépreux. Il trouva le prétexte qu’on était en septembre et qu’il reviendrait au printemps. En vérité, il ne pensait qu’au pays basque. Cela l’étonnait et il se l’expliquait à lui-même ; c’était, se répétait-il, pour savoir comment Mme Oswill « saquerait » Georges Dewalter. C’était pour jouir en pensée de sa déconvenue. C’était pour se régaler d’avance de la mésaventure de ces deux niais… Il n’admettait point qu’il fût simplement exaspéré d’être parti et de leur avoir laissé le champ libre. Il repoussait l’idée d’être inquiet ou simplement préoccupé.

De retour à la côte et ayant deux heures à perdre avant de se réembarquer, — tout de suite, tout de suite, — il s’en fut chez une fille que lui indiqua le portier d’hôtel. Elle était belle et vigoureuse, avec un accent qu’il connaissait bien, l’accent de la frontière espagnole. Elle était venue, voilà trois années, des bords de la Nivelle, à la