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L’HOMME À L’HISPANO

apparences de l’intérêt, et à peu près sans l’entendre, un personnage assez ridicule, grand et dégingandé, niais et parfaitement bien élevé, le fils du banquier Chillet qui, depuis Bonaparte, fait, dans le sud-ouest, concurrence à la Banque de France. Il lui racontait gravement sa dernière chute de cheval, hier, à la chasse aux renards, avec l’équipage de Pau. Il tombait régulièrement trois ou quatre fois par semaine et, de tous les côtés, il était rapiécé, bosselé, rebouté. Il parlait d’équitation et de science cynégétique ; Stéphane ne pouvait s’en dépêtrer.

— Notre amie est en proie à Chillet, dit Pascaline à Dewalter. Elle en a bien pour un quart d’heure… Ah ! non : Baragnas vient heureusement à son secours.

Un vieil homme, en effet, s’approchait de lady Oswill. Il était remarquable par ses yeux énormes et verts et le teint cuivré de son visage tailladé de rides. Il avait beaucoup d’allure et de bonnes grâces et, depuis trente-cinq ans, il était l’amant de la comtesse de Joze, qu’on voyait assise dans une bergère. Debout auprès d’elle, son mari, depuis longtemps philosophe, cherchait le moyen de rester à Biarritz, pour la soirée, et de la renvoyer seule — avec Baragnas s’entend — à Orthez, d’où ils étaient venus faire visite à lady Oswill.

Dewalter, avec indifférence, apprenait tous ces détails que Pascaline lui donnait d’une voix