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L’HOMME À L’HISPANO

dans la nuit. Le lendemain, elle l’emmena à Oloron.


Depuis de longs mois, elle n’avait plus pensé à sa maison natale. L’indifférence, le renoncement, les désillusions de la vie conjugale, son espèce de claustration morale depuis trois années, la mort de son père survenue vers le milieu de cette période, avaient lentement amoindri en elle tout désir de revenir vers le passé. Elle recevait chaque jour, aux saisons propices, des roses de la propriété. Les serviteurs les disposaient à leur gré dans les vases de la villa. Elle n’en goûtait même plus le parfum. Mais l’arrivée de Dewalter réveilla les sources. Ainsi, dans le domaine figé par l’enchantement, le pas du prince qui a du charme. En regardant son amant auprès d’elle, Stéphane revit, avec mille autres choses, les grandes terres auxquelles elle ne pensait plus. Elle eut l’envie de parcourir, au bras de Georges, tous les sentiers de son enfance.

Ils partirent de bonne heure dans l’Hispano. Une atmosphère légère et déjà dorée baignait le pays basque et, plus loin, le Béarn. Par Bayonne et Bidache, ils gagnèrent Sauveterre. De belles collines, heureuses et arrondies, couraient à leur rencontre de chaque côté de la route. Les maisons isolées qu’ils rencontraient leur semblaient jolies ; ils avaient l’idée qu’ils y pourraient vivre. À une auberge, ils s’arrêtèrent pour s’amuser