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L’HOMME À L’HISPANO

prouesse ; quand la mort du monstre avait sonné, elle connaissait la science de l’épée. Mais Georges, pour la première fois devant ce travail hermétique, n’en pouvait discerner les finesses. Les clameurs de la foule, les invectives des hauts gradins quand le matador manquait aux lois établies, toutes les rumeurs, applaudissements et sifflets, provoquaient son étonnement. Seuls, l’ensemble des choses, la beauté solaire du cirque, les clameurs et le silence alternés, l’amusaient. Et surtout, il était auprès de Stéphane. Là comme ailleurs, depuis une semaine, il ne goûtait que cette joie. Il était si proche d’elle qu’il sentait les formes de sa jambe contre la sienne ; parfois, elle saisissait sa main et la pressait ou, distraite un instant du spectacle, elle l’enveloppait de son regard de feu. Son parfum l’enivrait. Il songeait que chaque jour elle était sienne, que le destin, au passage, lui avait fait ce cadeau merveilleux. Il pensait que tout à l’heure encore elle se donnerait et que, comme lui-même, elle savourerait leur double plaisir. Peu à peu, il ne vit plus rien que sa propre imagination. Il fut heureux quand elle lui proposa de quitter les arènes avant la dernière course. À Biarritz, elle osa monter dans sa chambre par l’un des escaliers de l’hôtel du Palais, cependant qu’il se servait de l’ascenseur. Ils dînèrent enfermés et connurent leur amour, mieux encore que jusque-là dans leurs rendez-vous plus hâtifs. Elle ne rentra chez elle que tard