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L’HOMME À L’HISPANO

demanderai rien… Tu serais obligé à des omissions, peut-être à des arrangements, parce que tu as été un homme jeune, trop riche, oisif… Tu aurais, certainement, des choses à cacher… Et, vois-tu, mon amour, j’ai une haine farouche, maladive de tout ce qui n’est pas la vérité entière. Alors, je ne te demanderai rien…

Sur les lèvres qu’elle scellait, elle s’était penchée et Dewalter avait compris que c’était déjà trop tard et que plus jamais il ne pourrait se démentir. Puisqu’il devait partir, à quoi bon ne pas laisser le souvenir d’un homme heureux, comblé, oisif… « trop riche… » comme elle le disait ?

Leur tête-à-tête se prolongea longtemps. Enfin, vers deux heures de la nuit, elle le renvoya et, de sa fenêtre, elle le regardait s’en aller vers le Palais. Juvénile et charmant, il se retournait pour dessiner du geste un baiser. Quand il eut disparu, elle resta longtemps à contempler la rue déserte. Elle songeait qu’elle était bien heureuse, que cet homme n’aurait rien à faire qu’à l’aimer et que, sans doute, l’avenir de leurs deux cœurs était à jamais assuré.