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chercher les engrais voulus et dès le mois de Mars et même Février ils préparent les grandes boîtes qui feront pousser le plan. Puis en Mai ou Juin c’est la transplantation sur de longues distances. Il y a des maraîchers qui font ainsi 200, 300, 400 couches chaudes. Tous les légumes rapportent beaucoup et on peut dire que cette culture est vraiment pour nos cultivateurs « la poule aux œufs d’or » en même temps que l’école du travail et de la vertu. Un jeune homme propriétaire de 20 arpents de terre me disait en décembre dernier : j’ai fait cette année $13500.00. Un autre, un vieillard admirable le bon M. Janvier Plouffe que la mort vient de nous enlever subitement à l’âge pourtant avancé de 80 ans. « Monsieur, me disait-il, j’ai amassé quelques sous, oui, avec mes fraises (1 arpent à peu près) je crois avoir rentré $1500 ou $1600 cette année. »

C’est presque de la fantaisie mais nous constatons ce fait tous les jours que nos jardiniers autrefois très pauvres s’enrichissent à la course. Espérons que ce sera pour le bonheur des familles.

En terminant ce chapitre nous formulons le vœu que nos braves cultivateurs s’attachent encore davantage à la culture du sol ! Quelques jeunes gens, intelligents, bien doués et suffisamment pourvus, prennent trop souvent la route de la grande ville ! Pourquoi s’en vont-ils, loin de la terre paternelle, loin de leur milieu, dans des bureaux étroits et devant des comptoirs où le bon air est rare, quand ils pourraient vivre si heureux à l’ombre du logis des ancêtres ? N’insistons pas : le fait est déjà trop pénible.