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voulaient tout mener ; Auguste Lagacé surnommé Néro ; Hyppolite Jasmin qui ne voulait pas se noyer sans son argent ; Georges Jasmin et Adrien son fils ; Régis Taillefer, Xavier et Emmanuel Bélanger, Félix Meilleur, Joseph, Antoine et Benjamin Trudeau, Charli, Félix et François Clermont, jos. Gérard et son fils Thomas, Bte Bourdeau, Hyppolyte, Moïse, Martin, Jérémie et Mathias Leblanc tous appelés les « Cayen », Félix et Stanislas Vézeau, Louis Boucher, Thomas Jasmin le père de notre vicaire… et nombre d’autres qui n’avaient pas peur des grosses rames et qui les maniaient avec patience et habileté… J’en oublie : avec ces héros il y aurait de quoi faire un gros livre. Le métier de cageux était rude : mais ce métier restait le seul gagne-pain pour plusieurs. « Il fallait nourrir les petits et la femme » et nos braves d’alors ne reculaient pas devant le devoir et le danger.

Quelle belle épopée digne des plus beaux éloges ! « À travailler dur on acquiert de la volonté et on ne meurt pas plus jeune ». Ils disaient vrai.

Et ce fut ainsi pendant un siècle et plus que nos gens gagnèrent leur vie. Mais à mesure que le commerce du bois se fit par les voies ferrées les cages devinrent de moins en moins nombreuses. En 1892 elles étaient devenues si rares que leur passage était un événement extraordinaire auquel toute la population était fière d’accourir. La locomotive à vapeur avait ainsi supplanté l’humble radeau et il n’y eut plus de cageux. La dernière cage qui sillonna la Rivière des Prairies passa en 1908 pour se rendre au Tri-Centenaire de Québec.