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pelaient des cages et ceux qui les montaient des cageux. Parfois ces cages étaient si nombreuses qu’elles couvraient l’espace qui sépare le Pont actuel de l’Ile Paton et même davantage.

Les dits cageux ne menaient pas toujours une vie bien innocente. Ils s’amusaient, disaient-ils, mais leurs amusements n’étaient souvent pas très chrétiens. Solides gaillards, des forts à bras pour un grand nombre, ils avaient le mot vif parfois et fréquemment après leurs chansons sonores la chicane prenait et quelles chicanes !

Le rang devint si fameux qu’on l’appela partout « le Rang des Batailleurs ». Ajoutons à cela que la misère et le froid en portaient plusieurs à prendre un petit coup et deux aussi. C’était alors le moment de sacres, des jurons et même des blasphèmes. Les anciens en savent quelque chose. Les cageux n’étaient heureusement pas des impies et à la longue ils subirent l’influence de leurs pasteurs qui les transforma avantageusement.

Parmi les plus célèbres cageux nommons : Joe Montferrant, ce héros réel dont la légende parle si souvent comme ayant le bras solide et le pied agile ; un jour ce colosse entre à l’hôtel de l’Abord-à-Plouffe, on lui demande sa carte ; se reculant de quelques pas il fait un bond et imprime ses deux talons sur le plafond au grand étonnement de l’assistance : Martin Plouffe[1] ce guide fameux, dont l’œil était sûr

  1. Martin Plouffe était le père de M. Esdras Plouffe père des Docteurs Daniel et de Martin Plouffe premier Maire de l’endroit et de William Plouffe entrepreneur général.