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JUGEMENT

vaux historiques, qu’il lui avait fait reprendre et dont il le récompensait si généreusement. Aussi l’historien craignant les reproches qu’on lui pouvait faire d’être trop bon Français, reproches bien contraires à ceux qu’on lui a faits depuis, croit devoir justifier en ces termes ce qu’il rapporte de l’attachement inviolable des Bretons à la couronne de France contre les Anglais, année 1387. Que l’on ne die pas que j’ay été corrompu par la faveur que j’ay eue au comte Guy de Blois, qui me la fit faire (sa Chronique), et qui bien m’en a payé tant que je m’en contente, pour qu’il fut neveu du vray duc de Bretagne, et si prochein que fils au conte Loys de Blois, frère germain à Charle de Blois, qui tant qu’il vesquit fut duc de Bretagne : nenny vrayement, car je n’en vueil parler, fors à la vérité, et aller parmi le tranchant sans coulourer ne l’un, ne l’autre ; et aussy le gentil prince et comte qui l’histoire me fit mettre sus, ne voulsist point que je la fisse autrement que vraye.

Puisque Froissart, dans tous ces temps qui nous conduisent presque jusqu’à la fin de sa Chronique, ne peut être soupçonné, ni de haine contre les Français, ni d’affection pour les Anglais, je reviens aux années que j’ai omises, depuis 1329 jusqu’à 1369, dont il passa une partie considérable en Angleterre, attaché au roi et à la reine, et vivant dans une espèce de familiarité avec les jeunes