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sée[1], et qui est le premier devoir de tout historien. Mais avant que d’entrer dans l’examen de cette question, je ferai quelques observations générales sur la chronologie de Froissart ; ensuite je parlerai dès trente premières années de son histoire, qui ne sont, à proprement parler, qu’une introduction à l’histoire de quarante et quelques années qui les suivirent, jusqu’à la fin du quinzième siècle.


VIII.
De la Chronologie de Froissart.

Je remarque dans la chronologie de Froissart, deux défauts essentiels qui font la source de tout le désordre qui s’y trouve. Le premier est que, lorsqu’il passe de l’histoire d’un pays à celle d’un autre, il fait souvent remonter l’histoire qu’il commence, à un temps antérieur à celui dont il vient de parler, sans avoir presque jamais l’attention d’en avertir ses lecteurs. Le second, qui n’est pas moins considérable, c’est qu’il n’est pas d’accord

  1. En annonçant sous l’année 1385, le récit qu’il va faire des guerres de Bretagne, et disant, que les seigneurs Bretons avaient toujours été fort attachés à leur duc, excepté quand il s’était déclaré contre la couronne de France, dont ils avaient gardé principalement l’honneur, il prévient les lecteurs qui le soupçonneraient de partialité. De même, après avoir fait le récit de la défaite honteuse des Brabançons par le duc de Gueldres, il fait sentir que l’intérêt qu’il prend à la gloire des Brabançons (ils étaient en quelque façon ses compatriotes) ne lui fait point dissimuler des vérités qui leur font peu d’honneur (sous l’an 1388.)