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DE JEAN FROISSART.

si tous ces tableaux n’eussent été que le fruit de son imagination, ils n’auraient pas touché autant qu’il le voulait. Afin qu’ils fissent une impression plus sûre et plus forte sur le cœur et sur l’esprit, il fallait qu’une vérité pure, dégagée de toute flatterie, ainsi que d’intérêt et de partialité, en fût la base. C’est cette vérité que notre historien se pique d’avoir recherchée avec le plus de soin[1]. Au reste, tout ce que je viens de rapporter, est tiré de ses propres paroles répandues dans une infinité de passages de son histoire ; et c’est de quoi seulement je suis garant. Il s’agira de voir s’il a observé aussi fidèlement qu’il le promet, cette loi qu’il s’était impo-

    enfin fut pris, décollé et écartelé à Paris, dit en commençant le chapitre 15 ce qui suit : Je me suis mis à parler tout au long de la vie d’Aimerigot Marcel, et de remonstrer tous ses faits. La cause a esté pour embellir son ame et sépulture, car des bons et des mauvais on doit parler et traiter en une histoire quand elle est si grande comme reste cy, est pour exemple à ceux qui viendront, et pour donner matière et achoison (occasion) de bien faire, car s’Aimerigot eut tourné ses voyes et argus en bonnes vertus, il estoit bon homme d’armes de fait et d’emprise pour moult valoir ; et pour ce qu’il en fit tout le contraire il en vint à male fin.

  1. En rapportant les noms des braves qui se signalèrent à la bataille de Cocherel en 1364, il dit : Là eut dur hutin et grand poignis et faite mainte appertise d’armes. On ne doit pas mentir à son pouvoir.

    Après avoir fait un grand éloge du comte de Foix, chez qui il avait fait un séjour considérable, et qui l’avait très-bien traité, il prévient ceux de ses lecteurs qui l’accuseraient d’en parler d’une manière aussi favorable par flatterie, vol. 3, chap. 61, page 184.