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DE JEAN FROISSART.

parties essentielles du dessein que Froissart s’était proposé, en écrivant l’histoire. Plusieurs passages de son ouvrage nous montrent qu’il y avait été porté par une inclination naturelle, et qu’il trouvait un plaisir[1] infini dans cette occupation : mais une autre vue, qui lui fait bien plus d’honneur, avait extrêmement fortifié ce goût naturel. Il songeait à conserver aux siècles à venir, la mémoire[2] des hommes qui s’étaient rendus recommandables par leur courage et par leurs vertus ; de donner à leurs actions un prix que rien ne pût ni effacer ni altérer ; et en amusant utilement ses lecteurs, de faire naître ou d’augmenter dans leur cœur, l’amour de la gloire par les exemples les plus signalés. Ce désir qui l’a toujours animé dans ses recherches, l’a soutenu dans un travail

  1. Froissart, au commencement du chapitre 13 du quatrième livre de son histoire, tome 12, dit : Telles choses à dire et mettre avant me sont grandement plaisantes ; et se plaisance ne m’eust incliné à dicter et à l’enquerre je n’en fusse jà venu à bout.
  2. Il commence en ces termes le prologue du premier volume de son histoire : Afin que honorables emprises et nobles avantures et faits d’armes, lesquelles sont avenues par les guerres de France et d’Angleterre, soyent notablement registrés et mises en mémoire perpétuelle, exemple d’eux encourager en bien faisant, je veuil traiter et recorder histoire de grand louenge.

    Il commence encore le premier chapitre de ce premier volume par ces mots : Pour tous nobles cœurs encourager et leur donner exemple et matière et d’honneur, je, Sire Jehan Froissart, commence à parler, etc.

    Voyez aussi livre 3, chapitre I, tome 9.