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VIE

mettre à la postérité les glorieux noms des rois, princes et seigneurs, dont il avait éprouvé la générosité. Dans tout le cours de la vie de Froissart, je ne vois aucun temps où on puisse placer ce prétendu changement d’état, ni rien qui puisse nous faire connaître ce métier lucratif dont il parle, et que lui-même appelle marchandise. L’expression ne nous permet pas d’imaginer que ce fût l’état de curé ; quoiqu’il ait dit quelque part que la cure de Leptines était d’un revenu considérable : serait-ce la profession de praticien, ou celle de son père qui, était comme nous l’avons dit, peintre d’armoiries ? Une acception singulière du mot marchandise dans Commines pourrait nous fournir une explication plausible. Commines né dans le même pays, et qui n’était pas bien éloigné du temps de Froissart, emploie ce terme pour signifier une négociation d’affaires entre des princes. Le métier de négociateur, ou plutôt d’homme d’intrigue, qui cherche, sans caractère, à pénétrer le secret des cours, serait peut-être celui auquel Froissart se repent de s’être livré : les détails dans lesquels nous sommes entrés sur ses différents voyages, sur les longs séjours qu’il a souvent faits dans des circonstances critiques auprès de plusieurs princes, et sur les talents qu’il avait pour s’insinuer dans leurs bonnes grâces, me paraissent s’accorder avec cette conjecture.