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VIE

d’Yorck son oncle. Les prélats et les barons d’Angleterre ayant été convoqués à Elten (Eltham) pour délibérer sur ces deux affaires, Froissart suivit la cour. Il écrivait chaque jour ce qu’il apprenait des nouvelles du temps, dans ses conversations avec les seigneurs anglais ; et Richard de Servy[1] (Stury) qui était du conseil estroit du roy, lui confiait exactement les résolutions que l’on y prenait, le priant seulement de les tenir secrètes jusqu’à ce qu’elles fussent divulguées.

Enfin le dimanche qui suivit la tenue de ce conseil, le duc d’Yorck, Richard de Servy (Stury), et Thomas de Percy trouvant le roi moins occupé, lui parlèrent du roman que Froissart lui avait apporté. Ce prince demanda à le voir : si le vit en sa chambre, dit l’historien, car tout pourveu je l’avoie, et lui mis sur son lict ; et lors l’ouvrit et regarda dedans, et luy plut très grandement ; et plaire bien luy devoit, car il estois enluminé, escrit et historié, et couvert de vermeil veloux à dix doux d’argent dorez d’or, et rose d’or au milieu à deux gros fermaux dorez et richement ouvrez, au milieu rosiers d’or. Adonc, continue Froissart, demanda le roy de quoy il traitoit, et je luy dy : d’amour. De ceste response fut tout resjoui ; et regarda dedans le livre en plusieurs lieux, et y lisit, car moult bien parloit

  1. Il avait vu Froissart à la cour d’Édouard III, et du comte Venceslas de Brabant. Voy. Chroniques de Froissart, t. 3, p. 223.