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DE JEAN FROISSART.

Et la bonne âme est nouriture
De joie et de perfection,
Et a tous jours affection
Ensi que dient li auctour
Que de tendre à son créatour ;
Car si tretos que le corps peche,
Sa gloire et son proufit empeche.
Pour ce me vodrai retrencier
Que d’acroire à un tel crencier
Que pechiés est, qui tout poet perdre.
Je ne mi doi ne voeil aherdre
Et s’en moi se sont espani
Aucun villain visee, pas n’i
Voeil arrester, mès mettre y ces
Et principalment pour yces
Fourfaitures à coron traire.
Humblement je me voeil retraire
Vers la mere dou Roy celeste,
Et li prie qu’elle voeille estre
Pour moi advocate et moyenne
À son fil, qui tout amoyenne
Et qui est vrais fus habondans,
Caritables et redondans
Pour coers enflamer et esprendre,
Et pour grasce à ce saint fu prendre.
Et que mon coer en soit espris
Viergne royal, j’ai or empris
À ordonner présentement
Un lay de nouvel sentement ;
Et vous le voeilliés oïr, dame,
Car je vous offre et corps et ame.