Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/498

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
482
POÉSIES

De parler à ma droite dame.
Encontre euls n’alai pas, par m’ame !
Pour demander : « Que querés-vous ? »
Ançois fis le simple et le douls
Et cline mes yeus contre terre.
Par ensi n’i ot point de guerre.
Haro ! en doi je estre blasmés,
Se de tels vassauls enflamés
Et appareilliés de tencier
Sai les parolles retrencier
Par euls a parler doucement ?
Depuis ne remest longement
Que Pités, Franchise et Maniere
Qui reconfortent ma banière,
Plaisance, Jonece et Desir
Prisent entreuls un garant loisir
Que de solacier et d’esbatre.
Ma dame ne lor volt debatre,
Mès s’acorda à leur bon gré.
Et droitement en un vert pré,
En l’ombre d’un vert arbrissiel
Tout joindant un joli ruissiel
Où l’aigue couroit rade et vive
Qui d’une fontainne y arrive
Fu li esbanois ordenés.
Là estoïe moult adonnés
À moi déduire et solacier ;
Car ma dame a tous solas chier
Et li viennent à grant revel.
Qui savoit là riens de nouvel