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DE JEAN FROISSART.

Mès il me prent et si m’encarge,
Et tout en solaçant m’aporte,
Là où ma dame se deporte
Ensi que le requiert li jus.
Et quant entre elles me mist jus,
Je fui sachiés et detirés ;
Mès je m’en fuisse enuis irés,
Car de tout ce que je véoie
De coer et liement rioie.
Puisse-di au Roy-qui-ne-ment
Juames nous moult longuement.
Entre les jus et les solas,
Dont je ne seroie jà las
Dou dire et dou ramentevoir,
Car je sçai bien, et tout de voir,
Que les recors moult en agréent
Aux amans, car moult les recréent,
Et lor remoet et renouvelle
Pensée joiouse et nouvelle,
Selonc l’aventure qu’il sentent
Dou temps passé où il s’assentent,
Et les enflame et encorage ;
Je qui avoïe mon corage
Mis et tourné, et n’entendoit
Fors à une, ne ne tendoit,
C’estoit que le loisir véisse,
Et aussi je m’en pourvéisse
De parler à ma droite dame
Pour qui amours le coer m’entame ;
Tant arrestai en ce sejour
Que ma pensée vint à jour