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DE JEAN FROISSART.

de peines et de fatigues : mais celles qu’il avait eues au sujet de la guerre d’Espagne, ne le satisfaisaient pas encore : il lui survint quelque scrupule de n’avoir entendu qu’une des deux parties, c’est-à-dire les Gascons et les Espagnols qui avaient tenu pour le roi de Castille. Il était du devoir d’un écrivain exact et judicieux de savoir aussi ce qu’en disaient les Portugais. Sur l’avis qu’on lui donna qu’il pourrait en trouver à Bruges un grand nombre, il s’y rendit. La fortune le servit au-delà de ses espérances, et l’enthousiasme avec lequel il en parle, peint l’ardeur avec laquelle il désirait tout approfondir. À son arrivée, il apprit qu’un chevalier Portugais, vaillant homme et sage, et du conseil du roy de Portugal, nommé Jean Ferrand Portelet, était depuis peu à Middelbourg en Zelande. Portelet qui allait alors en Prusse à la guerre contre les infidèles, s’était trouvé à toutes les affaires de Portugal : aussitôt Froissart se met en marche avec un Portugais ami du chevalier, va à l’Écluse, s’embarque et arrive à Middelbourg, ou son compagnon de voyage le présente à Portelet. Ce chevalier gracieux, amiable et acointable, lui raconta, pendant les six jours qu’ils passèrent ensemble, tout ce qui s’était fait en Portugal et en Espagne depuis la mort du roi Ferrand jusqu’à son départ de