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DE JEAN FROISSART.

» Si qu’à painnes puis-je parler. »
Dist Desirs : « Laissiés moi aler ;
» Je vous cuide trop mieulz aidier
» Que vous ne sauriés souhaidier. »
Desirs se part, et se me let
Au partir un sien anelet
Ce sont ières dou revenir.
Il saura trop mieulz avenir
Et adrecier à ma besongne
Puisqu’il en a empris la songne
Que je ne feroie à nul foer,
Car il cognoist assés le coer
De ma dame, ensi q’uns servans
Qui lonc temps a esté servans
Entre les dames et pucelles.
Je croi bien qu’il parra à celles
Si sagement et si à point
Que je ne m’en plainderai point.
De moi se part, Diex le convoie
Et doinst que briefment le revoie !
Car j’auroie trop grant mestier
Que bien il peuist exploitier.
Le retour de lui moult me tarde.
Souvent de celle part regarde
Parmi le petruis en couvert
Que de mon doi avoie ouvert.
J’en fesoie adont ma fenestre.
Une heure à destre et à senestre
Regardoie avant et arrière
Et me tenoie à la barrière.