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POÉSIES

» Que d’aler ens es bois chacier
» Pour son esbanoi pourchacier.
» Il, qui estoit très bons ouvriers
» De mettre avant chiens et levriers,
» À la chasse un cerf accoeilli ;
» Et cils au cours le recoeilli.
» De près le sieut li jouveuceaus,
» Passe vallèes et monceaus,
» Preories et grans herbois.
» Venus s’en est en un beau bois ;
» Et assés près d’une fontainne,
» Qui de toutes gens fu lontainne,
» Prist Narcisus le cerf à force.
» Il méismes droit là l’escorce
» Et la cuirie aus chiens en fait,
» Car bien savoit ouvrer dou fait.
» L’aigue qui couroit ou ruissiel
» Rafreschissoit le jovenciel.
» Pour la calour qui estoit grans,
» Fu Narcisus forment engrans
» Que de la fontaine il peuist
» Boire et son sool en euist.
» Adont à la fontainne vint.
» Quant il y fu, se li souvint
» D’Equo que tant amé avoit
» Que conseiller ne s’en savoit.
» Narcisus s’abaisse pour boire ;
» Et l’aigue qui est clere et noire
» Et qui siet en lieu orbe et sombre,
» D’une personne li fait ombre.