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DE JEAN FROISSART.

» Que les Diex, pour la melodie,
» N’en y a nul qui mot en die
» Tout ouvrirent encontre li.
» Et Orpheus au corps joli
» Trouva sa mie, ce me samble ;
» Et parlerent lonc temps ensamble.
» Et l’a dou ravoir calengié.
» Mès on trouva qu’elle ot mengié
» Dou fruit d’enfer, quant elle y vint.
» Pour ce demorer li convint.
» Mès Orpheus, si com bien sçai,
» S’en mist toutes fois en l’assai ;
» Ce fu amour et ardour grans ;
» Et s’estoit dou véoir engrans
» Quant en enfer, où tel val a,
» Pour Proserpine il s’avala.
» Et pas ne fait à oublyer
» Léander, mès à publyer
» Et l’ardour dont tant il ama
» Héro pour qui il s’entama.
» Toutes les nuis un brach de mer
» Nooit li preux pour ceste amer.
» Point ne visoit à la tempeste
» Dont la mer souvent se tempeste.
» Tant i ala et tant y vint
» Qu’enfin demeurer li convint.
» Entre Albidos et l’autre dune
» Fu il souspris d’une fortune
» Et laquele il ne pot passer.
» En noant le convint lasser ;