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DE JEAN FROISSART.

» Il n’est créature mortele
» Qui longes porter le peuist,
» Que briefment la mort n’en euist,
» Car il me vient tout à revers.
» J’estoie maintenant couvers
» De foellettes et de vredure
» Et je sui tous rempli d’ardure.
» Or, me dittes s’onques nuls fu,
» Fors que moi, ens ou pareil fu ;
» Car j’auroie bien ma part d’ire,
» Mès que je le puisse pardire,
» Se j’estoie en ce monde seuls
» Qui euisse esté augoisseus
» Et passé parmi ceste flame
» Qui trestout me bruist et flame. »
Desirs qui est un grans brandons
D’ardour, et qui en fait grans dons
Là où il les cuide employer
Me va erramment desployer
Figures et exemples tels,
Et me dist. « Or vous confortés
» Amis, et si escoutés voir.
» Vous volés, ce m’est vis, sçavoir
» S’onques nuls fu dou fu attains,
» Fors que vous, dont vous estes tains.
» Nommer vous en voeil jusqu’à dis
» Qui plus le sentirent jadis
» Que vous n’ayés fait, Dieu merci !
» À tout le mains jusques à ci.
» Dis ! voires vingt, se mestier fait !