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DE JEAN FROISSART.

Un jone amourous endurer.
Ne sçai comment il poet durer
Tant dou corps que de sa chevance ;
Mès fortune ou le temps l’avance
Qui l’aydent, par soubtieus cas.
S’il n’a rente, s’a-il pourchas ;
Car tout dis vient ors et argens
Par droit usage aux jones gens,
Et se lor est le temps confors.
Or revenons au fait de lors
Et dou jour dont loer me doi,
Que je tenoie par le doi
Ma droite souverainne dame.
Je ne vosisse adont, par m’ame !
Estre Roy de Constantinoble
Ou d’un royalme encor plus noble,
Et je ne fuisse en ce parti.
Je l’avoie lors bien parti
Et grandement, au dire voir.
Me sçai comment poroie avoir
La fortune à ceste pareille.
Las mès ! entrées que j’appareille
La parolle, pour dire un mot,
Je ne sçai se li uns d’euls m’ot
Des vallés ci nommés devant,
Mès il traient tous trois avant.
Seul de leurs regars m’esbahissent ;
Il me murdrissent et trahissent.
Pourquoi sont-il si près de moi
Quant g’i pense tous et larmoi.