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VIE

comte se mettait à table : personne n’eût osé interrompre le lecteur. Gaston lui-même qui l’écoutait avec une attention infinie, ne l’interrompait que pour lui faire des questions sur cet ouvrage ; et jamais il ne le renvoyait qu’il ne luy eût fait vuider auparavant tout ce qui estoit resté du vin de sa bouche. Quelquefois ce prince prenait plaisir à l’instruire des particularités des guerres dans lesquelles il s’estoit distingué. Froissart ne tira pas moins de lumières de ses fréquents entretiens avec les écuyers et les chevaliers qu’il trouva rassemblés à Orthez, surtout avec les chevaliers d’Arragon et d’Angleterre, de l’hostel du duc de Lancastre, qui faisait alors sa résidence à Bordeaux : ils lui racontèrent ce qu’ils savaient des batailles des rois de Castille et de Portugal, et de leurs alliés : entre les autres, le fameux Bastard de Mauléon, en lui faisant l’histoire de sa vie, lui faisait celle de presque toutes les guerres arrivées dans les différentes provinces de France, et même en Espagne, depuis la bataille de Poitiers où il avait commencé à porter les armes. Quoiqu’appliqué sans relâche à ramasser des mémoires historiques, Froissart donnait encore quelques moments à la poésie ; nous avons de lui une Pastourelle qu’il paraît avoir composée au pays de Foix, en l’honneur de Gaston Phœbus : il dit qu’étant