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DE JEAN FROISSART.

Que sannables quiert son sannable.
Or l’ai-je lie et raisonnable
Et tel que je le voeil avoir,
Car se riens me plaist à savoir
Qui me soit de necessité,
Il le me dist par amisté
Et le me monstre et appareille.
À moi tent volentiers l’oreille
De tout ce que j’endure et sens ;
À l’avis de son jone sens
Me conseille si très à point
Que je n’i voi de default point.
Moult a cils bon poisson peschiet
Quant al aventure il eschiet
À compagnon sage et secré,
Courtois, humble, lie et discré,
Et garni de tous tels bons mours
Qu’il fault à amant par amours
Large, loyal et bien celant
Et si justement conseillant
Qu’on ne puist sentir ne ne voie
Que son conseil riens se fourvoie.
Or l’ai tel, si le voeil garder.
Je ne le puis trop regarder,
Car je le voi moult volentiers.
Il m’ensengne tous beaus sentiers,
Et grandement me resjoïst
De ce que de coer conjoïst
Flourettes et vers arbrisseaus
Et quert fontenis et ruisseaus.