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VIE

de soutenir de longues fatigues ; sa mémoire était assez bonne pour retenir tout ce qu’il entendrait dire, et son jugement assez sain pour le conduire dans l’usage qu’il en devait faire. Il partit avec des lettres de recommandation du comte de Blois pour Gaston Phœbus, et prit sa route par Avignon. Une de ses pastourelles nous apprend qu’il séjourna dans les environs d’une abbaye[1] située entre Lunel et Montpellier, et qu’il s’y fit aimer d’une jeune personne qui pleura son départ : il dit dans la même pièce qu’il menait au comte de Foix quatre lévriers[2] pour lui en faire présent. Gaston aimait passionnément le déduit des chiens, il en avait toujours plus de seize cents, et il nous reste de ce prince un traité de la chasse, que l’on conserve manuscrit dans plusieurs bibliothèques, et qui a été imprimé[3] en 1520. Froissart alla de Carcassonne à Pamiers dont il fait une agréable description, et s’y arrêta trois jours, en attendant que le hasard lui fit rencontrer quelqu’un avec qui il pût passer en Béarn. Il fut assez heureux pour trouver un chevalier du comté de Foix, qui revenait d’Avignon, et ils marchèrent de compa-

  1. Probablement S.t Geniez, abbaye de filles, à une lieue et demie du chemin qui mène de Montpellier à Lunel.
  2. Ils y sont nommés Tristan, Hector, Brun et Rollant.
  3. Voy. du Verdier, à l’art. Gaston, comte de Foix, et la note 2 page 362, t. 12 de J. Froissart.