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DE JEAN FROISSART.

» Or avés vous abandonné
» Mon corage en un dur parti
» Car je, qui onques ne parti
» De servir entérinement
» Ma dame, et très benignement,
» Obéy, crému et doubté,
» Elle m’a arrier rebouté
» Pour autrui : ce m’est dur assés ;
» Car mon jone temps est passés,
» Sans pourvéance et sans ressort.
» Si que, je di que tout vo sort
» Ne me sont que confusions
» Et très grandes abusions. »
Lors me respont Venus en haste,
Et dist : « Amis, si je me haste
» De parler, par ire et sans sens
» Tu m’i esmoes, car je te sens
» En peril de toi fourvoyer.
» Dont, pour toi un peu ravoyer,
» Je me voeil retraire à l’ahan.
» Frois a esté li ars maint an
» De mon chier fil, dont moult le carge.
» Mès bien voi que, se plus atarge,
» Tu en es en peril de perdre,
» Car en folour te voes aherdre.
» Or te cuidoi-je plus séur
» Mieuls attempré et plus méur.
» On dist, et il est vérités :
» On a fait pluisours charités
» À euls tamaint mal cognéues.