Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
349
DE JEAN FROISSART.

Et dist comment Amours l’a mis
En tel estat, tout pour leur fille.
Tant l’en est que tous s’en exillc ;
Mès il le voelt à femme avoir
Et n’a cure de leur avoir.
Assés en a et terre et force.
Et dou prommettre encor s’efforce
Qu’il li couronnera le chief,
Et qu’il le mettera à chief
De sa guerre crueuse et dure.
En cel effroi, en celle ardure,
En ces pensers, en ces anuis
Passe Acillès et jours et nuis.
Une heure moult se reconforte,
Et l’aultre si se desconforte
Qu’il jette plours, souspirs et larmes.
Il het la guerre, il fuit les armes ;
Ne voelt porter lance ne targe.
Ançois lui et les siens atarge
De chevaucier, et d’euls armer.
Ensi est pris par fort amer.
Et se ne vit onques q’une heure
Celle pour qui il se deveure.
Mès le plus grant confort qu’il porte
Et où le plus il se deporte
C’est qu’il a devers soi en garde
Un image, et cesti regarde,
Car en regardant s’i console,
Et son coer en pest et soole
À toute heure, quant il le voit,