Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
318
POÉSIES

Et sui encor tous certains
Que li tains
Dont mon coer fu très et tains
En un regart prist l’entame
Dont jamès ne sera sains,
Car proçains
Est si li cops premerains
Que de nul aultre, par m’ame !
Ne poet changier, n’estre estains ;
Car attains
Fu lors d’un douls yeuls humains.
Plus beaus ne poet porter fame.
En ce penser tousjours mains
N’en voeil mains ;
Car sus toute je vous ains,
Ma tres souverainne dame.

Et s’empris ai plus gand labour
Que dou porter n’ai la vigour,
Si en pardonne-je la flour
Mon coer, quel fin ne quel retour
Qu’en doie prendre ;
Car pourquoi vo fresce coulour,
Vo gent maintien, vo simple atour,
Vo bel parler plain de douçour
Me font à très parfaite honnour
Penser et tendre.
Si bien cuesi pour le millour,
Quand je vous sers, aim et aour,
Ma droite dame de valour