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POÉSIES

Pas ne m’en tienc pour decéu
Mes pour ewireus et vaillant.
On ne s’en voist emervillant
Car Amours, et ma dame aussi,
M’ont pluisours fois conforté si
Que j’en ai et sui en l’escoeil
De tout le bien que je recoeil ;
Ne jà n’euisse riens valu
Se n’euisse éu ce salu ;
C’est un moult grand avancement
À jone homme et commencement
Beaus et bons, et moult proufitables.
Il s’en troeve courtois et ables
Et en met visces en vertus.
Oncques le temps n’i fut perdus
Ains en sont avancié maint homme
Dont je ne sçai compte ne somme.
Pour vous, ma dame souverainne,
Ai recéu tamainte painne,
Et sui encor dou recevoir
Bien tailliés, je di de ce voir ;
Car com plus vis et plus m’enflamme
De vous li amourouse flame.
En mon coer s’art et estincelle
Sa vive et ardans estincelle
Qui ne prendera jà sejour
Heure ne de nuit, ne de jour ;
Et Venus bien le me promist
Quant l’aventure me transmist
De vous premierement véoir.